Vous connaissez sans doute l’expression «Mettre la charrue devant les bœufs»?
J’ai toujours apprécié le gros bon sens transmis dans les expressions populaires. Elles ne s’appuient pas sur des recherches scientifiques, mais elles exposent des faits qui semblent des évidences en apparence et qui, pourtant, ne sont pas toujours pris en considération.
Alors avant de diriger une équipe, qu’est-ce que chaque leader devrait faire pour s’assurer de ne pas mettre la charrue devant les boeufs?
Le self-leadership
Il s’agit du stade 1 du développement du leadership. Leader une équipe signifie lire les personnes et la dynamique du groupe, travailler à développer ces personnes et orienter l’équipe grâce à des buts clairs. Mais avant de pouvoir lire une personne, on doit absolument avoir fait le tour de son propre jardin. Les apprentissages que vous aurez faits sur vos propres mécanismes sont transférables à 100% et seront utiles pour comprendre les autres.
Deuxième sagesse populaire: «On ne peut pas donner ce qu’on a pas.»
- Découvrir le fonctionnement de votre système motivationnel vous permettra de comprendre comment activer celui des autres.
- Maîtriser votre attention induira ce même niveau d’attention dans l’équipe.
- Avoir fait le tour de votre système anxieux permettra de détecter le niveau d’anxiété et la cause anxieuse chez les membres de votre équipe (principal bâton dans les roues d’un humain).
L’empathie, dont on parle beaucoup en management ces temps-ci, naît lorsque le leader est empathique envers lui-même, c’est-à-dire qu’il s’accompagne dans ses propres traversés. L’empathie sera alors naturelle. L’empathie ne se développe pas, c’est un résultat, celui d’un travail sérieux sur soi-même d’abord.
Ce travail préliminaire est impossible sans un engagement important dans un processus de transformation personnelle. À ma connaissance, seul le coaching individuel est en mesure d’opérer cette transformation dans un cadre sécuritaire et positif. La formation ne suffit pas. Elle est nécessaire pour comprendre des notions, mais elle n’a pas le pouvoir d’opérer une transformation.
Des études tendent à prouver que les leaders les plus efficaces ont puisé nombre d’apprentissages dans leur histoire de vie. Ils tissent des liens étroits entre l’exercice de leur leadership et les raisons qui les motivent à endosser ce leadership (voir la référence au bas de l’article).
En d’autres termes, la matière première d’un leader est lui-même: s’intéresser à cette matière première est un préalable pour leader une équipe.
Voici quelques objectifs associés à l’acquisition du self-leadership:
- Apprendre à se piloter (gestion de l’énergie, valorisation interne, fin de l’hyper agréabilité pour plaire aux autres, faire des choix, dire non)
- Atteindre un fonctionnement optimal (capacité de se mettre en mouvement, faire face aux situations difficiles, relever des défis imposants)
- Mettre de soi (s’engager, donner vie à sa vision)
- Construire des buts significatifs (personnels et professionnels)
En résumé, s’appartenir, en finir avec la survie et vivre tout simplement.
Si je regarde dans ma boule de cristal, je crois que très bientôt, le développement du self-leadership sera utilisé pour agir sur la santé mentale de tous dans une organisation.
Voici les bienfaits associés associés au développement du self-leadership:
- Augmentation du sentiment de satisfaction au quotidien
- Diminution du niveau d’anxiété global
- Diminution du sentiment de pression
- Possibilité d’être soi-même
- Disparition du sentiment de devoir répondre à toutes les fausses urgences, être bon dans tout, brasser de l’air pour montrer qu’on travaille et ainsi espérer de la reconnaissance…
- Diminution de la fatigue
- Facilité à reconnaître ses émotions et besoins
- Meilleure communication (on n’attend pas que le presto saute avant de parler)
Est-ce que développer son self-leadership est toujours confortable? Pas du tout. Toutefois, j’ai rarement entendu quelqu’un regretter d’avoir fait cet investissement sur lui-même. Créer un turning point et ouvrir un nouveau chapitre de vie pour s’accomplir, c’est un vrai cadeau qu’on s’offre.
Je vous le promets: ça transforme une vie.
Leader une équipe
Selon moi, 2 éléments sont indispensables pour remplir ce rôle et avoir du plaisir à le faire.
- Développer des compétences de gestionnaire-coach
- Savoir co-construire un but commun puissant avec l’équipe
Les compétences de gestionnaire-coach reposent sur les stratégies de communication utilisées en contexte de coaching. En utilisant ces stratégies de communication vous soutenez l’autonomie et le développement des compétences des membres de votre équipe. Également indispensable, connaître le fonctionnement du système motivationnel et y associer les bonnes pratiques de gestion. De véritables leviers pour la mobilisation et l’engagement!
Voici les pratiques de gestion alignées avec les besoins liés au système motivationnel: partnership, autonomie et compétence. Pour une meilleure compréhension, j’ai créé un tableau comparatif.
Pratiques/comportements contre-productifs | Pratiques/comportements productifs |
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Le plus grand enjeux en ce moment en management, c’est la quantité affolante de modèles, d’études, de livres et d’articles qui proposent tous leur angle de travail. A un moment donné, il faut choisir une approche qui sera votre ligne directrice et l’appliquer sérieusement pour s’assurer d’être cohérent et d’éviter les interventions contradictoires qui finissent par donner l’impression que le “high management” agit comme une poule pas de tête.
À La Fabrique des braves, nous appuyons toutes nos interventions sur la théorie de l’autodétermination de Deci et Ryan et l’approche du docteur Guillaume Dulude en communication.
Faire du pick and choose en management, c’est s’exposer à créer des contradictions qui seront relevées par les employés. C’est bien suffisant pour qu’ils se désengagent.
Être un leader
Nous y voilà enfin, le fameux stade 3. Être un leader, c’est assumer un haut niveau de responsabilités. Endosser autant de responsabilités signifie clairement prendre des risques et rencontrer plus souvent qu’autrement des vents contraires.
Pour accepter un tel état de fait, ça prend un pourquoi en béton armé. Un pourquoi intériorisé et harmonisé avec sa propre identité. Bref, changer le monde sans devenir mégalomane, c’est un gros projet.
Voici de quoi il s’agit:
- Leader de l’innovation disruptive
- Leader des transformations
- Leader des changements de paradigmes
En vérité, peu de personnes ont envie de ce niveau d’engagement et je peux parfaitement comprendre. Je sais, je viens peut-être de péter votre bulle ou de vous faire sentir que ce n’est pas accessible pour vous.
Voyons les choses autrement: je viens de vous exposer les stades de développement du leadership. Maintenant, vous pouvez faire un choix. Et je vous jure que maîtriser l’art de leader une équipe rend déjà un énorme service, où que vous soyez.
Je le répète: l’engagement des employés passe par votre niveau de leadership ou le niveau de leadership de vos gestionnaires. Pas uniquement, mais en grande partie.
Pour conclure et peut-être vous rassurer, je vous dirais que c’est une merveilleuse aventure de s’intéresser à soi et mieux se piloter. En fait, ça augmente considérablement la qualité de vie. La vôtre et celle des personnes que vous côtoyez.
Alors, est-ce que tu veux avoir une meilleure qualité de vie?
Tu trouveras mille façons de me contacter sur ce site, il y a même une formule contact. Écris-moi, je serai heureuse de répondre à tes questions.
1(Shamir, B., & Eilam, G. (2005). «Quelle est ton histoire?» Une approche axée sur les histoires de vie pour un développement authentique du leadership. Le leadership trimestriel , 16 (3), 395-417.)