31 octobre 2010. Je me souviens très bien de ce jour. C’est celui où j’ai remis ma démission. Drôle de date, n’est-ce pas pour dire « bye-bye boss »?

Je savais que le milieu de l’enseignement m’avait donné tout ce qu’il avait à m’offrir… et inversement. Malheureusement, le contexte dans lequel j’évoluais ne pouvait plus soutenir la suite de mon histoire.

Paradoxalement, ma carrière d’enseignante m’a bien préparée à mon futur rôle avec des apprentissages incroyables qui se traduisent parfaitement dans le milieu du travail.

Test du leadership : rituel annuel au secondaire

Chaque année, c’était le même rituel : les 6 premières semaines de classe servaient à tester mon autorité. Mes élèves voulaient voir ce que j’avais dans le ventre et tester qui allait prendre le contrôle de la classe : eux, moi ou nous?

C’est fascinant de constater à quel point on retrouve exactement les mêmes comportements dans les équipes de travail. Très peu d’enseignants arrivent à gérer leur classe au « nous » : même chose chez les gestionnaires.

Côtoyer des adolescents au quotidien m’a appris la justesse dans l’exercice du leadership, un savoir-faire complexe. Savoir quand :

  • Responsabiliser avec fermeté;
  • Écouter avec bienveillance;
  • Forcer à essayer une réponse pour neutraliser la peur de l’échec;
  • Discipliner le talentueux qui s’assoit sur son succès;
  • Dire la bonne chose au bon moment pour générer des prises de conscience:
  • Valoriser l’effort parce qu’au final, c’est une suite d’efforts qui donne des résultats.

Mais qu’est-ce que c’est, au juste, endosser le leadership? En grande partie, c’est cesser d’avoir peur : peur de l’autre, peur de perdre le contrôle.

J’ai vu des enseignants exercer leur métier la peur au ventre toute leur vie. C’est pas une vie, ça! Et devinez à quoi ça ressemblait dans leur classe et la réputation qu’ils avaient auprès des jeunes? Le leadership est essentiel à partir du moment où tu es en charge d’un groupe de personnes, quel qu’il soit.

Les ados, ces assoiffés d’authenticité!

J’ai adoré travailler avec les adolescents, véritables chercheurs d’authenticité et de vérités, pendant 12 ans. C’est ce dont ils ont besoin pour se connecter avec un adulte. Je conserve encore au plus profond de mon coeur ces années d’apprentissage à créer ce type de partnership vrai et authentique.

Vous savez, c’est difficile d’être authentique, car c’est une forme de prise de risque, mais c’est aussi beaucoup de tracas en moins dans sa vie.

Grâce à l’authenticité, on :

  • Arrête de tourner autour du pot pour discuter des vraies affaires;
  • Fait des choix en fonction de ce qui importe vraiment pour nous;
  • Admet nos erreurs;
  • Exprime nos besoins sans manipuler les autres.

L’appel de l’entrepreneurship

Jusque là, j’étais une fonctionnaire. J’occupais un poste permanent depuis quelques années et je cotisais à mon fonds de pension. Mais ça ne me convenait pas. J’avais fait le tour de mon métier d’enseignante et j’avais grand besoin d’un autre défi. Deux avenues s’offraient donc à moi : la direction d’une école ou une carrière de conseillère pédagogique.

L’un venait avec un titre sans réel pouvoir. Un directeur d’école est pris entre le Ministère, le centre de services scolaires (anciennement appelé commission scolaire), le syndicat, les enseignants, les élèves et les parents. C’est 6 couches d’intervenants qui te disent quoi faire et comment le faire. Résultat : peu de liberté et de créativité possibles et surtout un leadership qui ne peut pas être au service de ta propre vision des choses. Je faisais seulement imaginer me retrouver dans cette situation et je n’avais qu’une envie : fuir très loin en courant. Ce que j’ai fait.

Et c’est sans compter que j’avais l’appel de l’entrepreneurship. Je voulais devenir entrepreneure et servir des entreprises.

Bye-bye fonction publique, bonjour entrepreneurship.

Les deux pieds dans le vide

Donc, par une belle journée d’Halloween, j’ai donné ma démission, comme ça, sans plan précis en tête.

En toute honnêteté, je ne conseillerais à personne de se jeter dans le vide sans plan comme je l’ai fait. On en meurt pas, mais on dort mal un certain temps. Toutefois, c’était la meilleure façon d’éviter la tentation de revenir en arrière.

J’ai toujours été un peu aventurière, intrépide. Ça fait partie intégrante de ma personnalité : aller de l’avant au lieu d’attendre que les choses arrivent comme par miracle.

Faque, j’ai sauté dans le vide… mais je ne suis pas restée les bras croisés. Quatre mois plus tard, je participais au programme Entrepreneurship au féminin et je suivais une formation de formateur.

C’est à ce moment que j’ai découvert le développement des affaires et que j’ai su que je voulais me diriger vers le B2B (business to business) et non vers le B2C (business to consumer).

Imaginez le topo… Pendant plus d’une décennie, j’enseignais à des groupes de jeunes formés par la direction. Mes « clients », obligés de fréquenter l’école, bénéficiaient de mes « services » gratuitement. On est assez loin du développement des affaires!

Un poisson d’eau douce qui se retrouve dans l’eau salée. Un immigrant qui débarque dans un pays dont il ignore tout de la langue. Un végétalien dans un steakhouse.

Ma courbe d’apprentissage, plutôt à plat depuis plusieurs années, a pointé vers le ciel de manière vertigineuse : la conséquence de me jeter dans le vide. Il n’y a rien comme l’expérimentation radicale d’un nouveau mode de fonctionnement pour tester sa capacité d’adaptation.

De salariée à entrepreneure qui a besoin de générer des ventes pour gagner sa vie.

De la fonction publique à l’entreprise privée.

D’une énorme structure à une start up sans financement.

D’un programme pédagogique coulé dans le béton à des travaux de recherche et développement pour offrir un service personnalisé de qualité.

En route vers l’accomplissement de mon but supérieur

Est-ce que la route a été facile? Oh que non! Est-ce que j’ai déjà regretté ma décision? Pas une seconde.

Moi, ce qui me fait tripper, c’est le développement des personnes et des organisations. Je veux participer à l’amélioration continue de l’humanité. À ma mesure et à ma manière.

Je crois profondément et sincèrement que si chaque personne s’habitait plus, se connaissait plus, s’utilisait plus, le monde irait beaucoup mieux et les défis auxquels nous faisons face (changements économiques et environnementaux) se relèveraient plus facilement.

L’humanité a toujours dû faire face à de grands défis; c’est encore le cas aujourd’hui. En 2021, la conscience est probablement l’élément majeur qui peut accélérer et faciliter ces grandes transformations. Seulement, on parle peu des conditions de succès et de l’investissement que le développement de la conscience nécessite.

La traversée du désert

Quand j’ai quitté l’enseignement, je savais que je devais me perfectionner : mon baccalauréat en pédagogie ne me serait pas suffisant. Mais me perfectionner où? Et surtout avec qui?

C’était clair dans ma tête que je ne retournais pas à l’université, cet endroit où j’ai perdu tellement de temps et qui m’avait déçue plus d’une fois.

Je vous explique ma dent contre les universités. Quand j’ai commencé à exercer mon métier, je me suis rendu compte que l’université n’avait pas prévu, dans son programme, les apprentissages dont j’aurais vraiment eu besoin :

  • Leader un groupe d’adolescents;
  • Collaborer avec mes collègues;
  • Rendre l’évaluation utile, plutôt qu’un distributeur d’étiquettes anxiogène;
  • Planifier le développement des apprentissages en motivation interne(exit les récompenses et les menaces comme principales stratégies pédagogiques);
  • Contribuer à développer les talents particuliers et l’identité de mes élèves.

Je me disais donc: si l’université a été aussi inefficace à me préparer à ma vie d’enseignante, je doute qu’elle soit vraiment utile à me fournir une méthodologie innovante pour mes clients.

Me voilà donc dans le désert. Je sais que je dois me former et développer une expertise qui offre de la valeur à mes clients, mais je ne sais pas à quelle porte cogner.

Je vois passer toutes sortes d’offres : des formations du MIT en gestion de l’innovation, des certifications en coaching, des MBA sur la route… Rien. Rien ne m’interpelle. Rien n’est vraiment innovant et n’offre une perspective nouvelle.

Alors, je marche, j’ai chaud et je suis déshydratée… jusqu’à ce qu’un consultant de Québec me parle de Guillaume Dulude, un spécialiste en communication. Je me dis : « Va donc voir, on ne sait jamais ». J’ai aimé ce que j’ai lu sur son site web. En plus, il offrait l’atelier Psycom  2 semaines plus tard. Quel timing!

J’ai terminé le premier week-end d’atelier en pleurant dans mon auto sur l’autoroute 10. Je rentrais chez moi et je savais que je venais d’être exposée à une vision complètement nouvelle et opérationnelle de la communication qui allait bouleverser la suite des choses pour moi.

Guillaume dit souvent qu’apprendre quelque chose de vraiment nouveau et important pour soi, c’est comme vivre un petit trauma. J’étais traumatisée solide!

J’ai toujours su que…

  • L’approche et les théories sur l’intelligence émotionnelle sonnaient la cacane vide;
  • Le mode « command and control » existait encore même si on le maquillait un peu avec la nouvelle saveur du jour pour l’adoucir et l’embellir;
  • Les modes d’interaction entre les humains ne donnaient pas de réels résultats en termes de compréhension véritable et commune d’une situation, étape incontournable pour trouver une solution;
  • Très peu de gens incarnent véritablement l’authenticité même si tout le monde en parle.

Vous savez quoi? Quand il y a une imposture, je le sens au plus profond de moi-même. (Un cadeau de mes 10 années passées avec des ados!) Mais je n’avais pas les connaissances pour expliquer en quoi ce que j’observais était une imposture.

Et c’est pour trouver des réponses à mes nombreuses questions en suspens que je me suis inscrite à la certification PRECOG avec Guillaume. Aaaaaah, le comportement humain! Pendant 18 mois, j’ai appris à lire l’humain de la bonne façon et à bien interagir avec lui.

 

10 ans de pratique

Bien sûr, on ne donne pas naissance à une nouvelle entreprise en 2 minutes. Alors, pendant près de 9 ans, j’ai accompagné et formé des gestionnaires.

Après une décennie de pratique, il était temps de sortir de l’ombre. Mon programme de développement du leadership avait fait ses preuves plus d’une fois : je tenais là quelque chose de fort et de vraiment utile pour les clients qui s’y collent.

C’est ainsi qu’est née La Fabrique des Braves! Eh oui, je « fabrique » des gestionnaires braves, cohérents et compétents en termes de pilotage d’équipe, de communication et de mobilisation. Et pour y arriver, je rends la complexité humaine plus limpide… tout simplement!

Aujourd’hui, La Fabrique des Braves a maintenant un an. Ouf! Pour tout connaître de cette année de fou, je t’invite à lire l’article La Fabrique des Braves souffle sa première chandelle. Tu y découvriras mes plus grandes victoires et fiertés… ainsi que mes principales défaites et déceptions.